The Deep House (Alexandre Bustillo & Julien Maury, 2021)
Ecrit le 1 septembre 2021 par Boris MoonScore qualité : ★☆☆☆☆
Score personnel : ♥♥♡♡♡
Malgré la surprenante quantité de films musicaux sortis en ce début d’année 2021, tous impliquant étrangement Sparks, The Deep House n’est malheureusement ni une comédie musicale ni un documentaire sur la création de la deep house dans les années 1980. Le film d’horreur peut se vanter d’avoir découvert la toute dernière idée originale dans le genre de la maison hantée, qui ne s’est jamais vraiment remis de The Cabin in the Woods.
Synopsis et vue d’ensemble :
Dans The Deep House, Tina et Ben sont un couple de youtubeurs américains spécialisés dans l’exploration de bâtiments en ruines. Ils sont de visite en France et décident de filmer leur exploration d’une maison submergée par un lac, et ce qu’il doit arriver arrive. Je ne pense pas spoiler l’expérience en précisant que la majorité du film se passe sous l’eau, et qu’il s’agit également partiellement d’un found-footage.
L’aspect found-footage est plus une esthétique qu’une véritable démarche narrative : le film n’est pas présenté comme une vidéo que quelqu’un aurait retrouvée sur un disque dur flottant à la surface du lac, il se trouve simplement qu’une grande partie des plans sont filmés par des caméras diégétiques. Chaque personnage a sa caméra, soit dans la main, soit sur la tête, et sous l’eau le couple est également accompagné par un drone. La présence du drone est probablement un vestige d’un premier jet où le film était purement found-footage, puisque qu’il n’offre pas énormément de mobilité supplémentaire aux personnages et occupe le rôle qu’occuperait normalement un cameraman extérieur au film.
Tout ce que ces caméras accomplissent narrativement, c’est de nous convaincre qu’on a bien affaire à un couple de youtubeurs qui mettent leur porte-feuille et bien-être en danger pour produire leurs vidéos. Cependant, le style a l’avantage de rendre l’aspect sous-marin du film convainquant. La contrainte de donner du poids aux caméras renforce « l’immersion » et la sensation de claustrophobie. Par la même occasion, la photographie est rendue partiellement intéressante du fait qu’on voit tout à travers le voile naturel de l’eau.
Avoir ses acteurs dans des combinaisons de plongée pendant la majorité du film, ça donne également l’opportunité de peaufiner chaque ligne de dialogue en post-production puisque tout doit être doublé. Malheureusement je suis allé voir le film en VF, ne sachant pas que les acteurs parlaient anglais, et les doubleurs n’ont pas utilisé cet aspect du film à leur avantage. Les personnages en soi ne sont pas insupportables mais leur personnalité ne va pas beaucoup plus loin que « deux êtres humains dans une situation dangereuse ». Ils pourraient bénéficier d’un peu plus de charisme et de répondant face aux malheurs qui s’abattent sur eux.
Les malheurs eux-mêmes se font désirer, et en général l’histoire est presque inexistante, privant The Deep House des dernières fondations sur lesquelles elle pouvait reposer.
Spoilers :
[expand]
Après un ou deux jumpscares impliquant un poisson, Tina et Ben découvrent que la maison est « hantée » par les zombis des anciens propriétaires. Ces zombis étaient fans de magie noire, et c’est pour ça qu’un mur de briques apparaît à la fenêtre par laquelle le couple est entré, les piégeant ainsi à l’intérieur.
Une fois que le premier acte est terminé, commence le deuxième où rien ne se passe. Le drone bug de temps en temps, mais à mon grand désarroi ne parle pas avec une voix de démon. En revanche, le troisième acte passe à la vitesse supérieure. Si ma mémoire est correcte, Ben est possédé par un ver maléfique et explique l’histoire de la maison à Tina. Elle se retrouve dans une salle de cinéma où se jouent des films tournés par les propriétaires, à l’époque où la maison, et cette salle de cinéma, n’étaient entièrement submergées. Dans mon plan préféré, les zombis sortent de derrière l’écran de la salle en le déchirant pour attaquer Tina mais elle en profite pour s’échapper par l’ouverture.
Pendant la majorité du film, il est clairement établi que Tina est en danger de finir sa bouteille d’air, et au début elle ment à Ben sur sa capacité à retenir sa respiration sous l’eau. Ces deux éléments scénaristiques sont résolus à la fin du film et résultent en la mort de Tina alors qu’elle remontait à la surface. Les réalisateurs ont au moins réussi à offrir une fin horrifique qui ne sort pas de nulle part, concluant ainsi un troisième acte bien supérieur en qualité aux deux précédents.
[/expand]
Conclusion :
The Deep House a choisi une accroche très simple à expliquer mais plus compliquée à exécuter, et malgré l’absence d’histoire ou de personnages, force est d’admettre que les réalisateurs ont tenu leur promesse et que le résultat est sporadiquement intéressant. Le film n’abuse pas de jumpscares, qui à ce jour semblent destinés à devenir une relique des années 2010. L’horreur vient plutôt de l’environnement et de quelques concepts dérangeants. De ce point de vue, le film présente du contenu qui serait tantôt approprié pour un épisode spécial Halloween de Doctor Who, et tantôt approprié pour un film d’exploitation italien, et tombe systématiquement dans le ridicule à chaque transition.
Si vous avez besoin de voir ce concept mieux réalisé, vous pouvez toujours regarder la première scène de Inferno de Dario Argento. Le film n’est pas un chef-d’œuvre mais au moins la bande originale est excellente et Dario Argento sait utiliser sa caméra et ses lumières.