House II: The Second Story/House II: la deuxième histoire (Ethan Wiley, 1987)

Score qualité : ★★★☆☆

Score personnel : ♥♥♥♥♡

House II: The Second Story n’est pas la suite House premier du nom, mais en est bien l’héritier légitime. Quel est le lien entre ces films? En dehors de Sean S. Cunningham et son désir de se faire de l’argent, on a affaire au même duo à la plume : Fred Dekker et Ethan Wiley, qui réalise aussi ce deuxième volet. En revanche, ce qui unit thématiquement ces films c’est qu’ils appartiennent au genre de l’horreur et se passent dans une maison. Ce critère assez laxiste explique sans doute pourquoi The Horror Show est aussi appelé House III, puisqu’il y a techniquement une maison dans le film. Cunningham a également produit un House IV avant de réaliser que ça n’intéressait plus personne. Pour rajouter un peu de confusion, la série de films italiens La casa 3, La casa 4 et La casa 5, se sont vendus dans certains marchés comme House 3,4 et 5, mais n’ont rien à voir puisqu’il s’agit de suites non-officielles à Evil Dead II. Mention honorable au Hausu japonais de 1977.

Cette confusion explique peut-être pourquoi House II: The Second Story est un peu oublié alors que d’autres artefacts de l’époque comme The Stuff et The Gate sont devenus cultes. Les deux grands noms du film sont John Ratzenberger, qui aujourd’hui est connu pour donner de sa voix aux Pixars, et Lar Park-Lincoln qui joue « Carrie » dans Friday the 13th Part VII: The New Blood, et ils n’incarnent pas les personnages principaux. Nos deux héros, Jesse et Charlie, sont interprétés par des inconnus au bataillon et cela donne une ambiance particulière au film.

Vue d’ensemble :

Cette ambiance n’est pas celle d’un film d’horreur typique de la seconde moitié des années 1980, ni même des comédies du genre. L’approche est d’avantage similaires aux créations de Don Coscarelli du 21ème siècle : Bubba Ho-Tep et John Dies at the End. Des films indépendants qui sont plus bizarres qu’horrifiques, et sont surtout un prétexte pour explorer des concepts « oniriques » dans le format d’un buddy movie. La différence c’est que House II: The Second Story n’implose pas sous le poids des contraintes budgétaires, et que les effets spéciaux et l’histoire sont achevés.

Le scénario de House II: The Second Story relate l’arrivée de Jesse et sa petite amie, Carrie de Friday the 13th Part VII: The New Blood, dans une ancienne maison dont il vient d’hériter. Ils sont plus tard rejoints par un couple d’amis, Lana et Charlie, qui s’installent sans demander l’opinion des nouveaux propriétaires et troublent la tranquillité du foyer. L’arrivée de ces deux personnages est assez inquiétante à ce moment du film : ils sont présentés comme antipathiques et le film commence par un flashback « effrayant » de personnes se faisant tuer dans la maison. A t-on affaire a un pseudo-slasher où des personnages désagréables vont faire la queue devant la porte pour se faire éliminer jusqu’à ce que notre protagoniste mette fin à cet exercice futile? Heureusement non, et les personnages de Charlie et Jesse forment une fratrie qui est au cœur du film.

C’est possiblement là que le film rate quelques opportunités. L’écriture du duo prend vraiment le dessus sur les autres personnages, et ce n’est pas comme s’ils étaient eux-mêmes complexes. Comme les films de Don Coscarelli mentionnés précédemment, House II: The Second Story ne sait vraiment pas quoi faire de ses personnages féminins, ou même des personnages secondaires. C’est une conséquence fréquente d’écrire le film entre copains et des comédies comme Superbad ou les films de la Cornetto Trilogy ont également ce biais dans l’écriture. La différence est que House II: The Second Story n’est pas non plus intéressé par l’exploration de l’état d’esprit ou du point de vue de ses protagonistes. Ce qui importe aux deux auteurs, c’est l’humour et le spectacle.

De ce point de vue là, ils ont rempli leur contrat. Les effets spéciaux ont vieilli et sont très typés années 1980, mais constamment charmants. Il faut noter que Ethan Wiley a commencé sa carrière cinématographique dans le milieu des effets spéciaux. Ensuite, bien que l’appréciation de son humour soit subjective, le film met systématiquement des moyens dans l’exécution de ses gags et essaye de surprendre et de se renouveler. La relation fraternelle entre Jesse et Charlie est bien communiquée au spectateur et les deux acteurs ont des styles distincts mais compatibles. Après un début un peu laborieux, le film maintient un bon niveau d’investissement malgré son approche assez flegmatique à la comédie. Le film n’est bien sûr pas complètement unique dans son approche : Night of the Creeps en 1986, réalisé par Fred Dekker, et Waxworks en 1988 ont un mélange similaire d’humour et d’horreur. Cependant ces deux films peuvent être véritablement horrifiques, alors que House II: The Second Story porte juste un costume pour Halloween.

Si ma mémoire est correcte, il y n’a pas une seule goutte de sang versée de tout le film. Le premier House est légèrement plus violent et est « tous publics » en France, mais celui-là est inexplicablement interdit aux moins de 12 ans. C’est très cohérent avec la décision d’interdire The Neon Demon aux moins de 12 ans. En résumé, le film ne fait jamais peur et est un film d’horreur au même titre que Beetlejuice : les thèmes et l’esthétique sont présents, mais le film n’expose pas les craintes du subconscient du spectateur ou de la société dans laquelle il vit.

Conclusion :

House II: The Second Story n’a pas une très bonne réputation. À sa sortie, les critiques reprochaient au film son absence de règles et la résultante absence de frayeurs. Personnellement, je ne pense pas que Fred Dekker et Ethan Wiley aient jamais essayé de nous effrayer avec ce film, en dehors de la tension intrinsèque à toute histoire avec un conflit. Si changer les règles du jeu au fur et à mesure est le meilleur moyen d’obtenir des rires de leur audience, et de caser leurs marionnettes et costumes, qu’il en soit ainsi.

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