Don't Breathe 2 (Rodo Sayagues, 2021)

Score qualité : ★★☆☆☆

Score personnel : ♥♥♥♡♡

Après la sortie en 2016 de Don't Breathe premier du nom, Fede Alvarez et Rodo Sayagues ont décidé de ne pas capitaliser immédiatement sur le succès du film, et de faire autre chose. Le réalisateur et co-auteur Fede Alvarez s’est chargé d’adapter le quatrième tome de Millenium, et Rodo Sayagues, l’autre co-auteur, s’est chargé de se faire embaucher sur trois ou quatre projets sans que rien n’en ressorte à ce jour. Ils sont finalement de retour 5 ans plus tard, mais les rôles sont inversés, et cette fois-ci, c’est personnel. Par personnel, j’entends que Don't Breathe 2 est l’histoire touchante d’un aveugle et de sa fille, et des gars musclés armés jusqu’aux dents qui veulent vraiment entrer dans leur maison. Enfin c’est ce que le film veut vous faire croire.

Synopsis et vue d’ensemble :

Le premier acte du film est très inquiétant, puisqu’on a l’impression d’être partis pour un second service de l’original, mais sans aucune tension puisque qu’on est spectateurs d’une bataille entre un vieux psychopathe et des hooligans. Manque de bol, le plan le plus laid du film est le premier, mais dans l’ensemble la photographie est correcte, bien qu’un peu générique. Le jeu d’acteur est aussi acceptable, mais pourquoi irais-je au cinéma pour regarder l’équivalent filmique d’un DLC? Par chance, une série de révélations vont pimenter un peu la situation, mais je serai toujours fasciné par le masochisme des films dont le twist est qu’ils ne sont pas complètement inutiles.

Seulement, il s’agit d’un de ces scénarios où les révélations remettent sérieusement en question les actions des personnages dans les scènes précédentes. Le problème n’est pas majeur, mais il est perceptible dès le premier visionnage. Au moins ce changement de direction permet au film de remplir sa promesse d’horreur sale et gratuite, mais cette fois-ci cet aspect du film n’est plus une subversion des conventions du genre dans les années 2010, et est plutôt un respect des conventions du cinéma d’exploitation du siècle dernier.

Spoilers :

[expand]

Pendant l’invasion de la maison de Norman, l’homme aveugle, il est révélé que sa fille, Phoenix, n’est en fait pas de lui, mais qu’il l’a ramassée au pied d’une maison en flammes. La maison a brûlé à cause du laboratoire du père biologique qui est en fait un dealer, et qui est donc venu chercher sa fille après être sorti de prison. Ce n’est pas vraiment un twist qu’on voit venir, mais plutôt quelque chose qu’on espère va se produire pour ressusciter le film.

La partie coquasse de ce « retournement de situation », c’est que le père biologique n’est pas venu sauver Phoenix de la routine frustrante dans laquelle elle est piégée avec Norman qui est trop protecteur. Il vient pour littéralement lui prendre son cœur et le mettre dans la corps de sa femme qui est tombée malade suite à l’incendie, et a besoin d’un donneur compatible. Après avoir pris connaissance des motivations derrière les actions de ses progéniteurs, Phoenix se dit que la vie n’était pas si mal dans la prison qu’est la maison de Norman.

Je n’ai pas beaucoup de choses à ajouter sur le troisième acte qui, bien que stupide, est très amusant. En revanche, il y a une chose mystérieuse que j’ai remarquée : est-ce que les deux dernières scènes sont des références à Star Wars? D’abord on a un échange extrêmement similaire à la fin de Return of the Jedi, comme quoi Luke n’a pas besoin de sauver Darth Vador parce qu’il l’a « déjà fait ». Ensuite dans la dernière scène, Phoenix va à l’orphelinat où elle souhaitait se rendre au début du film. Les autres enfants lui demandent son nom et elle répond : « Phoenix Nordstrom », le nom que Norman lui a donné plutôt que celui avec lequel elle est née. Est-ce que c’est une parodie de la fin de Rise of Skywalker? Si oui, pourquoi?

[/expand]

Conclusion :

Globalement, Don't Breathe 2 suit la formule de la suite de film d’horreur établie dans les années 1980. Le film est plus générique, mais aussi plus extrême et vulgaire que l’original. Le supposé vilain est d’avantage développé, alors que les autres personnages sont simplifiés et deviennent secondaires. Don't Breathe 2 hérite des fondations solides du premier film, et a le mérite de prendre des détours très divertissants, même si ce n’est toujours pour les bonnes raisons. On arrive un point où il est difficile de distinguer la parodie de l’authenticité.

Tags : 2020s americain home-invasion schlock thriller